CELEBRITES DECIZOISES :
MARGUERITE MONNOT
Marguerite Angèle Monnot naît à Decize le 28 mai 1903. Son père, Gabriel Monnot, aveugle depuis son enfance, est professeur de musique, organiste à l’église Saint-Aré et animateur de plusieurs groupes musicaux. Sa mère, née Marie Boiron, avait été institutrice et elle s’occupe de son éducation scolaire et musicale.
Très tôt, Marguerite Monnot se révèle une excellente musicienne. Elle rejoue de mémoire des airs entendus à la fête, elle compose à trois ans une Bluette ; à huit ans elle interprète Liszt, Chopin et Mozart à Paris, à Nevers. Camille Saint-Saëns est émerveillé par cette pianiste précoce.
En 1918, la jeune fille est envoyée à Paris, chez l’une de ses tantes. Elle va suivre les cours de Vincent d’Indy, Alfred Cortot, Nadia Boulanger. L’année suivante, elle effectue une tournée en Europe, elle prépare le Prix de Rome. Elle revient régulièrement à Decize, afin d’animer les heures de musique que son père offre à un public choisi d’amis, de voisins et d’élèves.
Sa carrière d’interprète des grands compositeurs classiques aurait pu continuer, mais, soudain, au début des années 1930, Marguerite Monnot découvre la musique de variétés. Elle a raconté plus tard que c’est la rencontre avec un ami de son père, au casino d’Evian, qui a provoqué ce tournant ; il préparait un film avec Tristan Bernard et cherchait un air de valse; Marguerite Monnot composa la valse, rencontra le parolier Marc Hély, avec lequel elle écrivit Viens dans mes bras, une chanson interprétée par Lucienne Boyer.
Marguerite adolescente. |
Partition de l'Etranger. |
En 1935, c’est le succès de L’Etranger, un air qui permet à Annette Lajon d’obtenir le grand prix du disque 1936. Marguerite Monnot rencontre ensuite celle qui sera son amie et collaboratrice pendant plus de vingt ans : la Môme Piaf. Se succèdent Mon Légionnaire, L’Hymne à l’Amour, La Goualante du pauvre Jean, J’ai dansé avec l’Amour, C’est à Hambourg, Les Amants d’un jour, Milord, etc… autant de succès que la voix d’Edith Piaf fait connaître dans le monde entier.
Marguerite Monnot travaille avec les plus grands paroliers : Robert Malleron, Raymond Asso, Henri Contet, Georges Moustaki. Elle compose des chansons pour le cinéma : les films auxquels elle collabore ne sont pas des chefs-d’œuvre, il s’agit le plus souvent pour les réalisateurs de confier des rôles à Edith Piaf sur des scenarii assez simplistes. Retenons simplement Les Neiges de Finlande, Etoiles sans lumière de Marcel Blistène, et le film policier Les Pépées font la loi, dont le rôle principal est tenu par Paul Péri.
En 1951 et 1956, Marguerite Monnot compose des chansons pour deux comédies musicales : La P’tite Lili, sur un texte de Marcel Achard, et Irma la Douce, en collaboration avec Alexandre Breffort (un autre Nivernais, né à Fourchambault). Irma la Douce est adaptée en anglais par Peter Brook et Billy Wilder en tire un film en 1963, avec Shirley Mac Laine dans le rôle-titre.
Le 11 juillet 1950, Marguerite Monnot épouse un autre artiste, Etienne Giannesini, connu sous le nom de scène de Paul Péri. Chanteur de music-hall, acteur (il joue Mackie dans l’Opéra de Quat’sous), Paul Péri a obtenu en 1949 le Grand Prix de la Chanson Française. Marguerite écrit pour lui Encore un verre, Pervenche, Ma rue et moi…
Marguerite Monnot a souvent avoué qu’elle avait peur de vieillir. Elle redoutait la maladie. En octobre 1961, elle souffre d’une crise d’appendicite. Négligeant les soins, elle meurt d’une péritonite aiguë. Elle est enterrée à Decize le 14 octobre 1961.
Depuis son décès, et la mort d’Edith Piaf deux ans plus tard, ses œuvres ne cessent d’être jouées. La ville de Decize lui a rendu hommage à plusieurs reprises : en mai 1963, la rue des Ecoles est devenue rue Marguerite-Monnot, une école maternelle a reçu son nom ; en 1991 et en 2003 plusieurs manifestations ont été organisées dans la ville.
Bibliographie :
- A l’Ombre des Grands, Marguerite Monnot, 1903-1961, Lire sous les Halles, Decize, 1991.
- Marguerite Monnot dans l’ombre de Piaf, Camosine, Les Annales des Pays Nivernais, n°120, 2004, ouvrage collectif par Alain FOURNET, Isabelle LASTERNAS, Xavier MASSON et Pierre VOLUT.
- Pierre VOLUT, Decize et son canton au XIXe siècle et à la Belle Epoque, Decize, 1999.
- C.D. : Piaf chante Monnot, Musée de l’Association des Amis d’Edith Piaf.
- Film Marguerite Monnot dans l’ombre de Piaf, réalisé par Guillemette de Thoury et Anne Bramard-Blagny.
Illustrations : cf Camosine